Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, vient enfin de reconnaitre que l’euro était « anormalement fort ». Ce week-end le président de la BCE Mario Draghi avait été dans le même sens en affirmant que le renchérissement de la monnaie unique nécessitera une action monétaire de la part de la BCE.
L’euro vaut aujourd’hui 1,39 dollar, soit le taux le plus élevé depuis près de trois ans. Ses conséquences sont dramatiques : le chômage atteint 12% dans la zone euro et l’inflation est beaucoup trop faible (0,5 %), ce qui, outre le risque de déflation de longue durée, «complique le désendettement à la fois des secteurs public et privé», comme l’admet Mario Draghi lui-même.
Face à cette crise de l’euro, les interventions envisagées sont insuffisantes. Baisser les taux directeurs, alors qu’ils sont déjà historiquement bas (0,25%), et appliquer des taux négatifs aux dépôts des banques auprès de la BCE pour les inciter à les redistribuer dans l’économie, ne permettra pas d’avoir une monnaie au service de l’intérêt général. Son cours restera trop élevée et elle ne soutiendra pas l’investissement.
Il faut un changement radical de politique monétaire. La BCE doit prêter directement aux Etats pour ainsi financer les déficits publics nécessaires à la satisfaction des besoins sociaux et à la transition écologique. La France peut obtenir ce résultat en menant une bataille politique en Europe pour que les statuts de la BCE soient changés. Si cela s’avère impossible, la Banque de France devra prêter directement au Trésor public, en rupture avec les traités européens.
C’est ce que nous dirons le 25 mai dans les urnes.