Les dirigeants mondiaux n’entendent pas les peuples
A l’invitation du Secrétaire Général des Nations Unies se sont réunis mardi 23 septembre plus de 120 responsables mondiaux accompagnés d’ONG, de responsables religieux mais aussi de pas moins de 350 patrons de multinationales. Après la participation de certains de ces dirigeants aux manifestations de ce weekend, on aurait pu croire effectivement au « sursaut » que demandait l’ONU.
Mais cela aurait été méconnaitre les intérêts économiques qui continuent de prévaloir chez une écrasante majorité de ces dirigeants. Pour un Evo Morales qui demande de ratifier le protocole de Kyoto, combien d’autres à la tribune se sont succédé pour rappeler des engagements qu’ils avaient déjà promis de tenir, comme les financements des fonds d’adaptation dont les pays en voie de développement n’ont toujours pas vu la couleur ? Manuel Barroso a réussi par exemple le tour de force de faire valoir les objectifs en recul de l’Union européenne comme des mesures allant dans le bon sens. François Hollande a fait passer l’engagement de 780 millions d’euros comme un exploit, sans même préciser sur combien d’années cette somme serait engagée.
Ce que nous retenons surtout c’est que de nombreux dirigeants français, européens et mondiaux soutiennent l’initiative conjointe de multinationales et de chefs d’États pour étendre le marché carbone et la taxe carbone. Renonçant à s’attaquer aux causes du problème, intrinsèques au capitalisme, ils foncent tête baissée dans de fausses solutions qui permettent de ne rien changer au système.
Cet appel des dirigeants a d’ailleurs été entendu du monde financier : les banques ont annoncé la mise sur le marché de 20 milliards d’obligations vertes et les assurances vont doubler leurs investissements à 80 milliards, le tout produisant toujours plus de produits financiers spéculatifs. Oui, mais repeints en vert.
Tous ces tenants du capitalisme vert n’étaient visiblement pas dans les mêmes manifestations que nous, alors que tant de citoyens ont demandé ce weekend de changer de système, pas le climat.