« L’interdiction absolue des syndicats au sein de l’armée française est contraire à la Convention européenne des droits de l’homme » : tel est l’arrêt que vient de rendre la Cour européenne des droits de l’Homme dans le cadre de la plainte déposée par l’officier de gendarmerie Jean-Hugues Matelly (lire plus bas le communiqué que le Parti de Gauche avait publié en 2011 sur cette affaire), et de la saisine de l’Association de défense des droits des militaires (ADEFDROMIL) consacrée à l’étude des « intérêts matériels, professionnels et moraux, collectifs ou individuels, des militaires ».
Cette condamnation confirme que, comme l’avait dénoncé Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle, les conditions du dialogue social dans les armées ne permettent pas aux militaires de s’adresser à leur ministre grâce à des représentants légitimes.
Au lieu d’attendre une condamnation émanant de la CEDH, le gouvernement aurait dû, devant l’accumulation des litiges, mettre en débat la question du droit à la syndicalisation des militaires. Dans la continuité de la présidence Sarkozy qui avait atteint des sommets d’hystérie maccarthyste en la matière, le gouvernement actuel a préféré s’accommoder d’une situation faisant des militaires des citoyens de seconde zone.
Serait-ce par crainte que des critiques fusent contre sa politique étrangère et sa politique de destruction de l’institution militaire via des coupes budgétaires drastiques ? Mais ces critiques sont déjà là, pour qui sait tendre l’oreille. A ne pas les laisser s’exprimer dans un cadre républicain, les dirigeants de nos armées y laissent germer des divisions aux conséquences potentiellement gravissimes pour la défense de notre pays.
Le Parti de Gauche appelle le gouvernement à rendre possible la syndicalisation des militaires, dans le respect du devoir de réserve et en tenant compte des restrictions propres aux actions opérationnelles, comme cela existe dans de nombreuses autres armées.
Dans les affaires militaires aussi, l’heure est à la 6e République.
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La grande muette a vécu: rendons leur droit d’expression aux militaires !
Lundi 17 Janvier 2011
Commission Défense
Le parti de gauche salue la décision du Conseil d’Etat qui annule le décret du président de la République limogeant le chef d’escadron de Gendarmerie Jean-Hugues Matelly.
Le parti de gauche dénonce l’acharnement de la gendarmerie nationale à vouloir briser la parole d’un militaire s’exprimant dans le cas présent comme chercheur associé au CNRS sur un sujet grave: la fusion police gendarmerie.
La volonté du pouvoir actuel d’empêcher toute lecture divergente de sa politique par les personnels militaires est d’un autre temps. Elle porte en elle la sclérose de la pensée qui prépare les défaites futures tant sur le plan de la défense que sur celui de la sécurité.
Au delà de la situation du chef d’escadron Matelly, c’est bien de la situation de citoyen de seconde zone dans laquelle sont cantonnés les militaires dont il s’agit ici.
Le parti de gauche se prononce pour la modification de cet état de fait et permettra, s’il accède au pouvoir, aux militaires, d’exercer des activités politiques et syndicales dans les mêmes conditions que pour les fonctionnaires, c’est-à-dire dans le respect du devoir de réserve auquel il faudra ajouter les restrictions propres aux actions opérationnelles comme cela existe dans d’autres armées européennes (Allemagne, Belgique, Pays-Bas…)
La grande muette a vécu. Les militaires doivent pouvoir jouer leurs rôle de citoyens !