Un accord minimal sur le dos des peuples
Le sommet sur le climat de Lima s’est achevé ce wee-end sur d’inquiétantes orientations. Lima était la dernière conférence des parties avant le sommet de Paris en 2015 au Bourget. De ces négociations émergent les positions et les rapports de forces qui vont peser dans les mois à venir sur la préparation de la COP 21 du Bourget.
Le sommet de Lima se solde par un échec, les pays développés refusant d’améliorer leurs objectifs, alors que les derniers rapports du GIEC ont explicitement appelé à accélérer les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
C’est ensuite l’ouverture vers un accord non contraignant. La Chine et les Etats-Unis, en signant un accord en dehors du cadre onusien peu de temps avant Lima, ont créé une brèche importante dans le caractère juridiquement contraignant des engagements en matière de climat. Cette brèche a continué à s’agrandir lors des négociations de Lima qui ouvrent l’idée d’accords « volontaires ». De ce point de vue, les responsabilités française et européenne sont importantes. Hollande et son négociateur Fabius poussent depuis plusieurs mois dans le sens d’un accord dit « universel ». Derrière ce terme, se cache une réalité plus dangereuse : sous couvert de vouloir aboutir coûte que coûte, les bases juridiquement contraignantes sautent.
Les lobbys des multinationales ont par ailleurs poursuivi leurs manœuvres pour financiariser le climat et voir s’imposer le modèle de fausses solutions : marché carbone, compensations aux pollutions, REDD, capture de stockage de CO2 etc. Elles cherchent à tirer profit de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les peuples.
Enfin, nous pouvons constater une très inquiétante tentative d’inversion des responsabilités. En conditionnant leurs engagements à celui des pays en voie de développement, les pays développés attaquent l’idée de responsabilité commune mais différenciée. Celle-ci part du principe que les pays développés, ayant bénéficié d’un modèle de développement extrêmement émetteur, sont les premiers responsables des objectifs de réduction. Mais pour conserver leurs modèles productivistes, ils conditionnent aujourd’hui leurs propres objectifs à l’acceptation des pays en voie de développement des solutions imposées par les multinationales. C’est une nouvelle remise en cause des bases de négociations onusiennes. Et plus que tout, c’est un système moribond qui tente de survivre à la faveur d’une crise mondiale.
Dans ce jeu délétère, ce sont les peuples qui font les frais d’un réchauffement climatique dont les conséquences sont déjà bien réelles. Le Parti de Gauche poursuivra ses campagnes et continuera à soutenir la Coalition Climat 21 qui œuvre pour voir émerger un mouvement social fédéré pour la justice climatique. Les manifestations très importantes à Lima ont à nouveau montré tout le potentiel de ce mouvement. En tant qu’écosocialistes, nous avons tout notre rôle à jouer pour organiser les mouvements politiques dans cette bataille, au plan international.