Le Sinn Féin prêt à gouverner
Ces 6 et 7 mars se tenait le Congrès annuel (Ard Fhéis) du Sinn Féin, parti républicain qui milite pour la réunification de l’Irlande, dans la ville historique de Derry, en Irlande du Nord. Franceline Métayer et Sophie Rauszer étaient présentes pour représenter le Parti de Gauche aux côtés d’une vingtaine d’autres invités internationaux dont le ministre des relations économiques internationales du gouvernement grec.
Avec ses 14 députés, 4 députés européens et 154 conseillers régionaux, le Sinn Féin est déjà un parti de gouvernement qui lutte au quotidien par son travail législatif contre l’austérité imposée par Londres et Bruxelles. Ces deux journées de débats et votes ont témoigné une fois de plus de la capacité du Sinn Féin à assumer le pouvoir au bénéfice du peuple irlandais et non de la finance comme le gouvernement actuel.
Avec plus de 15% de chômage, la dernière mesure austéritaire, l’introduction d’une taxation de l’eau, est devenue emblématique des attaques du gouvernement contre les classes populaires. Le Sinn Féin soutient le mouvement citoyen contre cette taxe et s’est engagé à l’abolir dès son arrivée au pouvoir. « Ce sont les politiques corrompus et les banquiers qui devraient être en prison, pas les militants du droit à l’eau » a rappelé le leader Gerry Adams lors de son discours de clôture.
Sur ce fond de crise, la droite réactionnaire DUP au Nord n’hésite pas à s’associer avec les Eglises pour développer un climat réactionnaire. Le Sinn Féin n’a pas cédé à la peur et a avancé sur l’avortement, sur la mise en place d’un diagnostic prénatal et la possibilité d’avorter dans les cas de malformations fœtales létales. Il soutient aussi fermement le OUI au mariage homosexuel lors du prochain referendum en République irlandaise le 22 mai.
L’alliance avec Syriza permettra au Sinn Féin de d’ores et déjà se préparer à des négociations sur la dette en cas de victoire aux prochaines législatives prévues d’ici à avril 2016. Donné aux alentours de 20% dans les sondages, le Sinn Féin pourrait même sortir vainqueur d’élections anticipées compte tenu des affaires croissantes de corruption de la droite et des sociaux-démocrates.