Accord de coopération franco-britannique sur les migrants : tout sécuritaire, rien pour l’humanitaire

Jeudi 20 Août, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, ont signé à Calais, un accord visant à « améliorer » la prise en charge des migrants et, surtout, à renforcer la coopération entre la France et le Royaume-Uni en la matière. Sur le plan humanitaire, cet accord prétend accentuer la protection des femmes et des enfants, plus vulnérables, par la seule mise en œuvre d’une campagne d’information, et prévoit le financement, par la Grande-Bretagne, de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile.

Une fois n’est pas coutume, cet accord permet une augmentation des moyens financiers : mais ces moyens sont déployés pour la lutte contre l’immigration clandestine et les réseaux de passeurs et pour la sécurisation des frontières.

Un nouvel arsenal de mesures sécuritaires va donc être déployé pour un montant de 10 millions d’euros. Il prévoit, entre autre, le déploiement d’équipes supplémentaires de fouille du fret, l’installation de clôtures, de caméras de surveillance et le recrutement d’agents de sécurité chez Eurotunnel. Un centre de commandement et de contrôle sera également mis en place à Coquelles (Pas-de-Calais), où se situe l’entrée du tunnel, afin de lutter contre les filières de passeurs, et une équipe franco-britannique sera créée dans la région pour éloigner les migrants illégaux.

Malgré de rachitiques avancées sur le plan humanitaire, cet accord de coopération reste accroché à la vieille doctrine des migrations économiques des années 90 et ignore le changement des réalités migratoires de ces dernières années. Les migrants du 21ème siècle sont principalement des personnes qui fuient la guerre, la misère économique, les persécutions politiques. Ils ont besoin de protection et, au regard de la législation internationale, ont droit à un accueil.

Le gouvernement français, incapable et surtout non désireux, de faire face à cette nouvelle réalité, s’enlise dans d’inefficaces mesures de contrôle des frontières au lieu de mettre en place des mesures permettant d’accueillir dignement les populations qui fuient un pays en guerre comme la France a su le faire, à d’autres moments de l’histoire.

Jusqu’à quand les dirigeants européens vont-ils ignorer que le business des réseaux de passeurs est étroitement lié aux réglementations européennes et nationales de fermeture des frontières et d’entrave au droit d’asile ?