La reconnaissance d’erreurs et la constitutionnalisation d’un Patriot Act
Prenant un ton martial, le président Hollande a assumé qu’il avait bel et bien engagé notre pays en guerre sans jamais avoir fait voter le Parlement.
Mais il a du aussi dresser la liste de ses échecs et de celles de son prédécesseur :
– Echec géostratégique : il reconnaît que les discussions doivent reprendre avec la Russie, sous l’égide de l’ONU, dans la recherche d’une alliance et que Bachar El Assad ne saurait constituer la cible n°1. La déstructuration par la force des Etats de la région n’a amené aucun progrès démocratique, ni la paix mais a entraîné le développement du terrorisme. Il faut en finir réellement avec cette politique.
– Echec de l’austérité : bien tard, il constate « le pacte de sécurité supérieur au pacte de stabilité ». Voilà que nos gouvernants se rendent compte que baisser les dépenses publiques c’est moins de policiers, gendarmes, de magistrats, de douaniers, de services de renseignements, de personnels de santé, d’enseignants si indispensables pour réaffirmer les valeurs de la république. C’est globalement moins de cet Etat qui s’est révélé si indispensable ce week-end. Il faut maintenant aller plus loin, passer aux actes et reconnaître également que le pacte social doit être supérieur à l’austérité.
Il assume malheureusement de glisser sur la pente autoritaire et sécuritaire en exploitant tous les rouages de la 5ème République. Il reprend une proposition aussi inefficace qu’antirépublicaine : la déchéance de la nationalité, pour les bi-nationaux nés français. Il renvoie ainsi à l’idée nauséabonde qu’il y deux sortes de citoyens. Une telle mesure n’empêchera jamais les actes de terrorisme. Ne vaut-il pas mieux que des candidats au Djihad soient surveillés en France plutôt qu’ils soient renvoyés dans des territoires où ils pourront perpétrer des crimes en toute impunité ? Quand Hollande entend instaurer plusieurs catégories de français, remettant en cause le code de la nationalité, nous réaffirmons au contraire l’indivisibilité du peuple !
Plus globalement Hollande constitutionnalise un Patriot Act, alors même que dix années après, les américains ont reconnu son inefficacité et que seuls cinq décrets sur douze de la loi renseignement ont été publiés. Cette volonté d’inscrire l’état d’urgence dans la constitution instaure un état d’urgence permanent contraire aux libertés fondamentales.
Avec ces annonces de François Hollande devant le congrès, la dérive sécuritaire de la 5ème République a franchi un nouveau cap. Pour toutes ces raisons, le PG appelle les parlementaires à refuser la prolongation et la constitutionnalisation de l’Etat d’urgence, qui marquerait un recul de l’Etat de droit dans permettre une lutte plus efficace contre la menace terroriste.