Un premier pas qui doit être soutenu par la France
La résolution adoptée vendredi sur la Syrie à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU est un premier pas encourageant pour ceux qui privilégient une solution politique au conflit.
Elle prévoit le lancement ces prochaines semaines de pourparlers entre le gouvernement syrien et l’opposition et l’instauration d’un cessez-le-feu ; la mise en place dans les six mois d’une instance non confessionnelle chargée de préserver les institutions étatiques et d’écrire une nouvelle Constitution ; l’organisation sous 18 mois d’élections libres sous la supervision de l’ONU. Il s’agit là des prémices d’une résolution politique globale que le PG appelait de ses vœux.
Cette résolution est d’abord le fruit d’un compromis entre la Russie et les Etats-Unis. La première démontre qu’elle ne fait pas du maintien au pouvoir de Bashar El Assad un objectif à terme – ce qui était déjà sa position lors de Genève 2. Les seconds ont fini par admettre, au moins en apparence, l’évidence selon laquelle l’exigence de son départ comme préalable à toute négociation est une absurdité qui a entravé toute négociation depuis 4 ans. La France en suivant les Etats-Unis sur cette ligne a contribué, à saborder la diplomatie française au Proche-Orient et la voix de la France en général, au profit des monarchies théocratiques du Golfe, Qatar et Arabe Saoudite en tête. Elle a aussi facilité la progression de Daesh dans sa forme actuelle, contribué à causer la mort inutile de milliers de Syriens et initié une campagne de bombardements franco-étasunienne inutile et meurtrière.
Tout reste néanmoins à faire pour que ce texte débouche sur des avancées concrètes. Déjà des blocages apparaissent sur la composition des délégations qui constitueront le socle du dialogue intersyrien. Lors de la conférence de Riyad du 10 décembre, l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie – largement impliqués dans un soutien concret à Daesh – ont indiqué leur volonté d’y voir inclus des groupes salafistes combattants comme Ahrar Al-Sham. Dans le même temps les Kurdes, qui fournissent actuellement l’essentiel des forces combattant Daesh au sol, n’ont même pas été invités à Riyad.
En considérant par la voix de Laurent Fabius cette conférence de Riyad comme le principal socle des négociations à venir, la France continue à s’enfermer dans ses alliances régionales contre-nature, incohérentes et dangereuses pour sa propre sécurité. Le Parti de Gauche estime que la situation exige que la France, au lieu de s’aligner sur des positions qui compromettent déjà l’application de la résolution de l’ONU, doit retrouver un rôle d’intermédiation ce qui suppose son indépendance en la matière. Elle doit par ailleurs demander des compte à la Turquie d’Erdogan et l’inciter à stopper son soutien à Daesh. Il en va de la crédibilité de sa politique étrangère et de la lutte contre Daesh. Affichée comme une priorité, elle restera lettre morte tant que le gouvernement fera le choix de s’aligner sur les positions d’« alliés » porteurs d’autres objectifs.
Djordje Kuzmanovic – Secrétaire national du Parti de Gauche en charge des questions internationales et de défense
Théophyle Malo – Responsable national du Parti de Gauche, Co-Président de Commission Internationale du Parti de Gauche