Relogez les sinistrés de Saint-Denis

DalSaintDenis Depuis le mercredi 18 novembre 2015, après un réveil brutal et cauchemardesque, les familles de Saint-Denis (93) évacuées lors de l’assaut contre la planque des terroristes du 13 novembre n’ont toujours pas été relogées correctement, malgré la déclaration « que toutes ces familles seront relogées dans le parc social », un engagement pris par le Préfet pour l’Egalité des chances, Didier Leschi.

Plusieurs immeubles déjà à la limite de l’insalubrité où logeaient les 71 personnes concernées, dont 26 enfants, fortement impactés par les opérations de police et jusqu’à la quasi-destruction des appartements, ne leur sont plus accessibles, manquant de s’écrouler et scellés par la police. Les justificatifs administratifs, comme les quittances de loyer ou les factures, qui sont exigés pour l’examen des dossiers des familles pour prouver qu’elles résidaient bien là, ne peuvent pas être récupérés. Au lieu de faire de leur relogement une priorité et un droit inconditionnel, les autorités font traîner les décisions au motif que les victimes ne produisent pas de copies de leur bail.

Dans le département le plus pauvre de France, les Dionysiens ont l’habitude de ne recevoir aucune considération de l’État, pourtant, les habitants de la rue du Corbillon et de la rue de la République sont eux aussi, des victimes du terrorisme. Hébergés dans un gymnase en attendant des solutions de relogement, ils ont été pour certains au bout d’une semaine, replacés dans des hôtels ou des centre d’hébergement d’urgence. Plus d’un mois après les événements, nombre d’entre eux s’y trouvent toujours, ou n’ont pu passer que trois jours en hôtel avant de devoir se débrouiller seuls, en faisant appel à la solidarité familiale ou en logeant chez des amis. Ce manque de solutions pérennes est inadmissible : l’État doit prendre ses responsabilités et permettre que ces Dionysiens puissent retrouver leur vie et leur sérénité.

Malgré l’interpellation de la Ministre du Logement, de la cellule interministérielle d’aide aux victimes du terrorisme et la mobilisation du DAL, seulement 14 des 39 familles concernées ont reçu ou recevront des propositions de relogement. Les propositions qui sont faites sont cependant loin d’être satisfaisantes : une habitante s’est vue proposer un 9 m² à 350 €, à prendre ou à laisser. Les habitants ont tout perdu, certains sont traumatisés par les événements, et continuent de faire des cauchemars qui les empêchent de dormir. Le fait d’être logés dans des endroits inconfortables, sans repères, sans possibilité de se reconstruire psychologiquement par la re-création d’un univers à soi sous son toit, ajoute au malaise et à la douleur des sinistrés.

Inadmissibles également, ces menaces qui pèsent sur des habitants sans papiers comme Nourddine, 31 ans, grièvement blessé au bras puis tabassé au cours de l’assaut. À peine remis de ses blessures et suite à une opération et une prise en charge à l’hôpital, le voilà incarcéré au centre de rétention de Vincennes et prié de déguerpir du territoire français !

Nous exigeons que toutes les personnes dionysiennes sinistrées par ces terribles événements, soient prises en charge par l’État, dont c’est la responsabilité, et relogées décemment, en regard de leur situation familiale et de leurs revenus, sans se défausser de sa responsabilité sur la mairie de St Denis pour trouver des logements décents. Nous exigeons que cette prise en charge soit inconditionnelle, indifféremment du statut des sinistrés, femmes, hommes ou enfants, français ou étrangers, avec ou sans-papiers : le gouvernement doit faire en sorte que les mots qu’il brandit après les attentats qui ont frappé des hommes et des femmes sans distinction, ne soient pas que des mots creux, servant une communication démagogique sur les valeurs de solidarité et de fraternité. Face à l’adversité cette solidarité doit être mise en œuvre réellement. Au gouvernement de prouver qu’il croit à ce qu’il dit, à défaut, ce gouvernement prouvera qu’il établit une distinction entre les victimes de la banlieue et les autres.