Crise de l’agriculture : assez de l’enfumage gouvernemental
Si les baisses et reports de cotisations sociales annoncées par Manuel Valls le 17 février contribueront à alléger la situation financière de court terme des agriculteurs victimes de l’effondrement des prix agricoles, elles ne constituent nullement une réponse à la hauteur de la crise.
Cette crise est la conséquence directe du choix de l’Union européenne et des gouvernements français, en plein accord avec le syndicat agricole majoritaire FNSEA, de soumettre l’agriculture à la libéralisation sauvage des marchés agricoles et d’encourager une folle course à la compétitivité sur les marchés mondiaux. Avec la fin des quotas laitiers, cette crise était d’ailleurs prévisible et prévue. Ces évolutions, si elles se confirment, mèneront à la disparition de 80% des paysans français, et seules les plus grosses exploitations seront en mesure de sortir gagnantes de la course à la compétitivité, au détriment de l’environnement et de la qualité des aliments. Les responsables européens et français le savent pertinemment, c’est même leur projet. La baisse des cotisations sociales revient quant à elle à faire payer à l’ensemble de la collectivité ce que les agriculteurs devraient eux-mêmes cotiser s’ils étaient correctement rémunérés. Quant aux « engagements volontaires » des acteurs des filières sur les prix, la réalité a confirmé ce que nous avions déjà annoncé : ceux-ci ne sont également qu’un enfumage, car ils ne peuvent en aucun cas être pérennes dans une situation de marchés structurellement déséquilibrés.
Pour le Parti de Gauche, il n’y a pas d’autres solutions pour sortir de la crise de garantir des prix rémunérateurs aux agriculteurs pour des quantités limitées par actif, sur la base d’une maîtrise des volumes de production, d’un encadrement des marges des intermédiaires et d’une protection contre les importations à bas prix. Si une telle politique ne peut être menée dans un cadre européen, elle devra l’être dans un cadre national.