La Francophonie doit être un instrument d’émancipation
La Francophonie doit être un instrument d’émancipation des peuples ayant le français en héritage et non pas celui de la perpétuation de l’impérialisme français.
Monsieur le Président François Hollande, vous venez de vous afficher à Kinshasa avec un bon nombre de dictateurs ayant en commun certes la langue française mais surtout la corruption et l’oppression de leurs peuples.
Cette enceinte politique qu’est devenue la francophonie institutionnalisée, sert en particulier à cautionner des élections par l’envoi d’observateurs qui rendent un avis complaisant pour le pouvoir en place au grand bénéfice des intérêts économiques français mais au détriment des peuples concernés. Vous qui n’avez que le mot démocratie à la bouche Monsieur le Président, et qui aimez tellement en bon social-libéral vous abriter derrière les institutions nationales et dans le cas présent internationales, sachez que l’Organisation Internationale de la Francophonie est l’un des instruments de cette démocratie virtuelle qui ne répond d’aucune façon aux besoins des peuples. Vos promesses de démocratie, Monsieur le Président, nous l’avons vu récemment en France au sujet du TSCG, n’engagent que ceux qui y croient, alors qu’il s’agirait de prendre des dispositions concrètes pour atteindre cet objectif.
Cette OIF est aussi, sous couvert de la prévention des conflits et de multilatéralité, devenue une extension du domaine de la lutte interventionniste guerrière de l’impérialisme français : Monsieur le Président, vous servir de cette possibilité consacrée par la déclaration de Saint-Boniface adoptée par l’OIF en mai 2006, pour faire intervenir des forces armées africaines n’appartenant pas au périmètre de la CEDEAO au Mali serait-il dans vos intentions ? Il est vrai que cela permettrait au dictateur tchadien Idriss Deby de sortir de son isolement diplomatique et à la France de continuer à justifier sa présence militaire permanente dans la région. C’est peut-être, malgré nos mises en garde, la vraie raison de votre venue à Kinshasa : après tout serrer la main du dictateur Kabila ou rencontrer à la va-vite l’opposition, pourquoi pas, si la vraie raison est autrement plus stratégique. Comme par hasard, le Qatar désormais grand oncle financier de la France et dont on connaît la passion pour la langue française, fait son entrée dans l’amicale francophone et devient un ami de la famille.
La francophonie, il nous importe de vous le rappeler Monsieur le Président François Hollande, se devrait d’être essentiellement un vrai espace d’échanges culturels et linguistiques, autour de la langue française certes mais aussi dans le respect des langues locales et dans leur promotion ce qui générerait un nouvel équilibre dans la relation entre la France et les pays amis francophones qui sont aussi, doit-on le rappeler, le plus souvent d’anciens pays colonisés par la France. La langue française ne doit pas être traitée seulement comme une langue de communication et de commerce, elle ne doit plus être la langue de l’oppression, vecteur du capitalisme et de l’impérialisme, mais redevenir la langue de l’émancipation des peuples, celle de la Révolution française, celle qui porte les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité.