Valls est dégagé, ça c’est fait ! Après l’éviction de Sarkozy, le renoncement d’Hollande, la chute prochaine de Fillon, on assiste à la fois à l’accélération de la décomposition du système politique en cette fin de règne de la 5ème République et au souffle de l’insoumission auquel nous n’avons cessé d’oeuvrer.
Comment permettre à cette insoumission d’aller jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à la victoire ? La force de cette vague dégagiste est immense, elle est porteuse d’espoir, d’un changement historique et radical. Radical au sens où il peut enfin s’attaquer à la racine des choses pour améliorer la vie des gens.
Benoît Hamon, vainqueur des primaires du PS, a déclaré tendre la main à Jean-Luc Mélenchon. Ayant d’ores et déjà annoncé qu’il irait jusqu’au bout de l’élection présidentielle, ce qu’il met en débat est la proposition de construire une majorité gouvernementale.
L’enjeu de la période est immense. Il s’agit de tourner la page du bilan des deux quinquennats précédents et d’abréger les souffrances qu’ils ont imposées. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon dans sa vidéo d’adresse à Benoît Hamon “Monsieur Hamon, choisissez !”, on ne peut tourner la page avec ceux qui sont dessus.
Benoît Hamon doit donc choisir. Il ne peut être question d’un grand écart, la période est à la clarté. Ce week-end, il sera investi par le PS comme candidat à la présidentielle, en même temps que les 577 candidats PS aux législatives. Ces deux élections majeures ne sauraient être déconnectées.
Comment imaginer possible de faire campagne commune avec Myriam El Khomri et défendre l’abrogation de sa loi ? Vouloir une toute autre politique en matière de santé et de défense de l’hôpital public aux côtés de Marisol Touraine ? Restaurer nos libertés fondamentales aux côtés de Bernard Cazeneuve après la mort de Rémi Fraisse et les répressions du mouvement social et citoyen contre la loi travail ? Abandonner le projet de l’aéroport Notre Dame des Landes avec l’ex Premier ministre Jean-Marc Ayrault ? La liste est longue des promis à l’investiture du PS, des ministres et de tous les députés sortants qui n’ont pas assumé de voter la motion de censure pour empêcher la loi travail, jusqu’au Premier ministre Manuel Valls, candidat à Evry. Et que dire de celles et ceux qui candidatent à cette heure sous la même bannière tout en soutenant l’ex banquier, VRP d’Uber, chantre du libéralisme, Emmanuel Macron ?
C’est bien l’heure des choix et non des combines et des bidouillages. Ce sera eux ou nous. Ce “nous” qui s’est mis en mouvement dans une campagne citoyenne sans équivalent, avec plus de 220 000 signataires et ses milliers de groupes d’appui partout en France. Cette France Insoumise n’appartient à personne à part à elle-même.
Ce “nous” est largement présent également parmi celles et ceux qui ont participé à la primaire pour en finir avec Manuel Valls et toute la politique qu’il incarne. Que Benoît Hamon ne les déçoive pas.
Pour le Parti de Gauche, ce qui est en jeu ne doit pas être un congrès du PS, une pseudo recomposition de bric et de broc sans cohérence, mais le moyen de fédérer le peuple, lui redonner confiance que tout est possible. Face au spectacle donné par ceux qui se servent de la République au lieu de la servir, des affaires du FN, du million encaissé par François Fillon pour sa famille, aux 120 000€ de Bercy qu’Emmanuel Macron est suspecté d’avoir utilisés pour organiser moultes rencontres pour lancer son mouvement, le dégout et la colère dans le pays sont là.
Après un quinquennat qui n’a fait que poursuivre la même politique que le précédent, servant la finance qu’il était censé combattre, on ne peut reprendre les mêmes sans désespérer définitivement de l’engagement politique ! Il ne s’agit pas de refaire au peuple deux fois le coup du Bourget.
L’enjeu est de se donner les moyens de mettre en pratique le programme défendu devant le peuple, à savoir engager la planification écologique et la répartition des richesses, défendre l’indépendance de la France au service de la paix en commençant par sortir de l’Otan.
Pour ce faire, il faudra faire sauter deux verrous : celui de la 5ème République en convoquant une constituante et celui du carcan austéritaire des traités et institutions européennes en proposant une méthode : Plan A, on désobéit aux traités et on tente une renégociation de fond en comble ; Plan B, en cas d’échec, on en sort et on construit d’autres coopérations. Et au peuple de trancher par référendum. Comme le rappelle l’excellent film de Gérard Miller diffusé sur France 3 en début de semaine, l’histoire ne s’efface pas. Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans une stratégie cohérente, héritière du refus majoritaire de la constitutionnalisation de l’Europe libérale de 2005.
De tout cela nous pouvons débattre avec Benoît Hamon s’il fait le bon choix, celui de la clarté.