Pauvres déclarations face à la pauvreté
A l’issue de la Conférence nationale contre la pauvreté, et alors que 8,5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, on aurait pu attendre de véritables réponses de la part d’un gouvernement de gauche.
A défaut d’une politique de lutte contre la pauvreté, Jean-Marc Ayrault offre une misérable aumône de Noël aux bénéficiaires du RSA.
Le RSA sera revalorisé de 10% sur 5 ans. Son indexation actuelle étant inférieure au taux d’inflation, la hausse totale risque de ne pas être bien supérieure à l’évolution des prix. Aux millions de citoyens qui doivent survivre avec 475 euros par mois, le premier ministre jette à la figure un bon d’achat de 9,5 euros par mois. Soit 30 centimes par jour. Même pas le prix d’une orange. De quoi organiser des trocs avec les smicards qui, eux, se sont vus offrir un Carambar journalier au cours des premières heures du quinquennat Hollande.
Alors que l’Unedic prévoit 124 000 demandeurs d’emplois supplémentaires pour 2013, l’assurance chômage n’a prévu d’en indemniser que 7 300 de plus qu’en 2012. 7 300, vous avez bien lu. Les autres devront survivre avec des miettes de RSA. Et l’extension automatique du RSA aux jeunes de moins de 25 ans n’est toujours pas prévue alors qu’ils sont de plus en nombreux à être dans l’extrême pauvreté.
D’après ce gouvernement, on ne peut pas vivre avec 475 euros par mois, mais avec 484, ce sera la panacée. Les pauvres ont droit à moins de dix euros par mois pendant que 4 milliards d’euros sont dépensés dans des grands projets inutiles tels que l’aéroport de Notre Dame des Landes.
A quoi servent les discours politiciens larmoyants sur les 8,5 millions de pauvres que compte notre pays, si ils ne sont pas suivis d’actes concrets permettant de réduire les inégalités ? A passer le temps.
Ce n’est pas des miettes dont les pauvres ont besoin mais d’une vraie politique de redistribution des richesses car ces dernières existent en France. Mais c’est une extrême minorité qui se les accapare.
Leila Chaibi, Secrétaire nationale à l’abolition du précariat