Plateforme d’orientation politique
adoptée par le Congrès du Parti de Gauche
du 22 au 24 mars 2013
Osons !
Introduction
Le peuple français a congédié le président de droite sortant, symbole avec Merkel d’une politique austéritaire imposée à toute l’Union Européenne. Il a mis fin à dix années de majorité parlementaire de droite. Cela fut l’issue d’une longue et éprouvante bataille dans laquelle des millions de nos concitoyens se sont impliqués, en participant aux grèves et manifestations contre la réforme des retraites ou pour l’école publique, en résistant aux politiques xénophobes par des actes de solidarité, en sanctionnant le pouvoir aux élections locales intermédiaires. Notre campagne présidentielle a remis le mot révolution à l’ordre du jour et enclenché un processus civique qui compte plus encore que le résultat important auquel elle est parvenue en rassemblant 4 millions d’électeurs. Notre appel au peuple « Prenez le pouvoir ! » ainsi que notre programme L’Humain d’Abord ont été largement entendus. Nous avons vu la rivière commencer à sortir de son lit. Mais le changement n’est pas au rendez-vous. La mise sous tutelle infligée à la Grèce demeure. Pire, le parlement a ratifié le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) qui étend son mécanisme à toute l’Union Européenne. Une politique austéritaire durcie et généralisée précipite le continent dans la récession. Elle fait de la négation de la souveraineté populaire le régime normal de l’Union. Au coeur d’une lutte des classes plus que jamais d’actualité, le capital saisit le prétexte de la « crise » qu’il a luimême générée pour arracher les régressions qu’il n’obtiendrait pas sinon. Les attaques redoublent tout à la fois contre l’écosystème, les droits des travailleurs et la souveraineté des peuples. Les politiques sécuritaires se durcissent. La construction européenne confirme son caractère ouvertement antidémocratique qui s’aggrave chaque jour.
Alors que s’est-il passé ?
La France a subi le sort de nombreux pays européens. Elle a porté au pouvoir un président et une majorité sociaux-libéraux. Ainsi la social-démocratie en faillite a changé d’orientation. Née pour permettre la conquête de droits sociaux et démocratiques, elle organise désormais le démantèlement de l’Etat social et du droit du travail, la baisse des salaires et des prestations de Sécurité sociale. Ce courant, le plus puissant de la gauche européenne, se dit maintenant « à équidistance du capital et Plateforme d’orientation politique adoptée par le Congrès du PG – mars 2013 2/25 du travail ». Il renonce donc à ses ambitions sociales. La ligne démocrate impulsée par Clinton, d’abord relayée en Europe par Blair puis Schröder, l’a partout emporté. Le reste a suivi. Les vieux partis sociaux-démocrates ont commencé par suivre de mauvaise grâce les exigences néolibérales. Puis ils les ont accompagnées. Aujourd’hui ils les devancent avec enthousiasme.
De plus le nouveau pouvoir a étroitement épousé le moule de la Cinquième République. L’intervention populaire est dissuadée. Les grandes décisions se prennent hors des citoyens. Dès lors, malgré le changement de président, le pouvoir de l’oligarchie est resté intact. Il reste toujours à faire place au peuple !
Heureusement, une autre gauche émerge. Dans les pays européens les plus touchés par la crise, elle connaît une progression remarquable. En Grèce, elle est passée devant les sociaux-démocrates. Elle s’affirme là où elle est représentée par des formations politiques nouvelles. En France, le Front de Gauche a atteint à la dernière présidentielle un niveau exceptionnel pour un candidat exprimant une alternative de gauche. C’est là que réside l’espoir d’une issue positive. Nous nous sommes rassemblés. Nous nous sommes dotés d’un programme, l’Humain d’abord, d’un plan d’urgence face à la crise, d’un programme opérationnel pour gouverner face aux banques… Le Parti de Gauche a élaboré un contre-budget dès l’automne 2012. Nos propositions ont marqué la dernière présidentielle et fait leur chemin dans de nombreuses têtes. Ce qu’il nous faut mettre en partage désormais parmi tous ceux qui cherchent activement une issue à l’austérité, c’est une stratégie. Une stratégie de prise du pouvoir. Non pour un parti mais pour et par le peuple. C’est donc une stratégie de révolution citoyenne visant l’implication populaire pour prendre le pouvoir des mains de l’oligarchie financière et, dans un même mouvement, le transformer.