La loi d’orientation qui déboussole
Loin de la grande œuvre annoncée, la loi d’orientation scolaire présentée ce matin en conseil des ministres par Vincent Peillon est tout à la fois rabougrie dans sa forme du fait du carcan de l’austérité, mais elle s’inscrit parallèlement sur le fond dans le prolongement des politiques antérieures.
Loin de la priorité affichée pour l’école, cette loi d’orientation butte sur le mur de l’austérité qui empêche de lancer dès à présent les pré-recrutements d’enseignants nécessaires, de s’attaquer à la précarité en proposant un plan de titularisation des 23.000 enseignants contractuels ou de proposer immédiatement une formation digne de ce nom.
Loin de la rupture nécessaire avec le tri entre élèves institué par le socle minimaliste et utilitariste instauré par François Fillon, la loi d’orientation s’apprête à valider le socle commun et le soubassement de l’égalité des chances, pis-aller de ceux qui nient la capacité de tous les enfants à réussir.
Loin de raffermir le cadre national si dévoyé sous Sarkozy, cette loi d’orientation anticipe l’acte III de la décentralisation et va laisser au bon vouloir des différentes collectivités locales le soin de gérer au gré de la richesse des territoires des enseignements aussi émancipateurs que l’éducation artistique.
Loin de rompre avec le financement public de l’enseignement privé, cette réforme maintient tous les avantages acquis par le privé qui, conforté, a beau jeu aujourd’hui de revendiquer un renforcement de son caractère propre
A être allé se fourvoyer trop loin dans les présupposés des libéraux, la loi d’orientation Peillon s’est définitivement perdue entre austérité et continuité.