L’affaire Weinstein qui a secoué Hollywood, puis les milliers de témoignages qui ont émergé sur les réseaux sociaux via les hashtags #balancetonporc et #metoo ou #moiaussi, montrent une fois de plus au monde entier l’ampleur et la lugubre banalité des violences sexistes et sexuelles subies (dans la plupart des cas) par les femmes. L’étendue des témoignages est sans équivoque : elles touchent tous les milieux sociaux (n’en déplaise à Macron qui voudrait nous faire croire par son mépris de classe qu’elles se cantonneraient aux quartiers populaires), se nichent dans tous les recoins de nos vies, depuis le cadre familial ou conjugal à celui du travail, en passant par tous les lieux publics possibles et imaginables. Elle nous rappelle que le harcèlement, les agressions sexuelles et les viols ne sont pas des faits divers individuels que l’on peut se contenter de relater le temps d’un buzz mais bien les produits multiples d’un système -le patriarcat- que l’on doit combattre partout et tout le temps.
Si la libération de la parole est une bonne nouvelle en soi, elle est insuffisante et inquiète quant aux difficultés auxquelles continuent à faire face les femmes lorsqu’elles souhaitent donner suite et faire appel à la justice. Elle nous rappelle la nécessité qu’il y a à multiplier et étendre la formation de tou-te-s les professionnel-le-s que peuvent être amené-e à côtoyer les victimes lors de leurs parcours de plaignantes et la nécessité de donner les moyens nécessaires à la police et à la justice afin que justice soit rendue dans de bonnes conditions.
Elle nous alerte également contre les coups de comm’ faciles du gouvernement qui ne peut plus se contenter de continuer à aligner de belles promesses d’hypothétiques lois en faveur des droits des femmes, tout en mettant en place des mesures -elles bien réelles- qui les font reculer, comme avec la loi travail qui acte entre autres la fin des CHSCT qui avaient un rôle essentiel pour la lutte contre le harcèlement sexuel et moral au travail, ou encore qui plafonne les indemnités prud’homales lorsque l’employé-e a recours à la « prise d’acte », qui était jusque-là le meilleur moyen pour les personnes harcelées de quitter leur travail rapidement en ne perdant pas le bénéfice d’indemnités de licenciement. Que dire également de la baisse de 25% des moyens alloués à l’égalité femmes/hommes, et de la suppression des contrats aidés qui touchent aussi les associations féministes.
Face à la gravité de la situation, le Parti de Gauche appelle à se saisir du dossier des violences sexistes et sexuelles d’une manière sérieuse, globale et cohérente. Nous réitérons naturellement notre soutien à toutes les victimes et notre condamnation de tout acte de cette sorte, comme nous l’avions fait lors de l’affaire Baupin suite à laquelle nous avons multiplié les formations internes pour prévenir et lutter contre toutes les formes de sexisme et de violences sexistes et sexuelles, et nous rappelons la mise en place de relais d’écoute internes pour contribuer à la libération de la parole et à l’orientation des victimes vers des associations spécialisées afin qu’elles puissent être accompagnées et aidées juridiquement. Dans le cadre des travaux relatifs à la contribution du Parti de Gauche au mouvement la France Insoumise et en vue de sa prochaine convention, notre Conseil National a également exprimé le souhait que la France Insoumise en son sein s’interroge aux modalités de prévention, d’écoute et d’accompagnement en cas d’éventuels cas de harcèlements ou de violences sexuelles.