Résolution politique adoptée par le CN des 14 et 15 octobre 2017
Emmanuel Macron, élu face à une candidate d’extrême-droite lors d’un second tour marqué par une forte abstention, n’aura connu aucun état de grâce, malgré un parti pris médiatique en sa faveur. Les manifestations syndicales du mois de septembre ont montré que les salarié.e.s n’étaient pas plus prêt.e.s à se laisser faire que lors de la loi El Khomri. Mieux, l’unité des syndicats de la fonction publique pour la mobilisation du 10 octobre, qui ne s’était pas réalisée depuis 10 ans, paraît devoir se réaliser également contre les ordonnances, ce qui constituerait un tournant. Au fond, l’équation de la fin du quinquennat de François Hollande reste de même nature : Emmanuel Macron dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale, pas au Sénat, mais sa politique n’en a pas dans le pays. Voilà qui explique son décrochage rapide dans l’opinion.
Si la politique d’Emmanuel Macron est dans la continuité de celles menées par Nicolas Sarkozy et François Hollande, soit une politique de l’offre, productiviste et austéritaire, elle est d’une ampleur et d’un degré jamais atteints en France. Les ordonnances ne fragilisent pas le Code du travail, elles le détruisent ; la baisse de l’APL prépare la destruction de la politique publique du logement, un affaiblissement des organismes HLM, véritable ineptie économique et environnementale ; le projet de « bail précaire » est le signe d’une dérégulation totale du parc privé ; la sélection à l’entrée des universités est prévue ; la suppression quasi complète de contrats aidés en fait le plan de suppression d’emplois le plus massif de l’histoire et porte une atteinte catastrophique au monde associatif ; jamais fiscalité n’aura autant profité aux plus riches grâce à la quasi disparition de l’ISF et au plafonnement de la taxation des revenus du capital à 30 % via la « flat tax ». Jamais budget n’aura programmé une telle austérité : moins 80 milliards de dépenses publiques d’ici 2022 dont les coupes les plus sombres dans des domaines pourtant jugés prioritaires par les Français : logement, emploi, santé, sans compter 13 milliards de dotation en moins aux collectivités territoriales. La Sécurité Sociale est également menacée. C’est un changement radical de société qui porte atteinte aux fondamentaux du service public et aux principes républicains.