Communiqué commun suite à la rencontre Parti de Gauche – Gauche Unitaire
Deux délégations du Parti de Gauche et de la Gauche Unitaire, conduites respectivement par Jean Luc Mélenchon et Christian Picquet, se sont rencontrées le jeudi 9 juillet 2009.
Les délégations ont constaté leur accord sur l’analyse du résultat des élections européennes. L’abstention massive est un symptôme de la crise de légitimité profonde qui touche la construction libérale de l’Europe qui tourne le dos aux préoccupations de la majorité de la population mais aussi du manque de débouché politique pour les classes populaires. Les droites conservatrices, dont la politique est pourtant contestée par d’importants mouvements sociaux, n’ont pas été massivement sanctionnées. Surtout la crise de la social-démocratie, incapable de définir un véritable projet face à la crise économique qui touche la population et les moyens concrets de le mettre en oeuvre, s’est encore approfondie.
Les résultats du Front de Gauche constituent un point d’appui essentiel pour reconstruire une perspective à gauche.
Cette question est d’autant plus décisive, qu’à l’échelle européenne, les gouvernements s’apprêtent à renforcer la politique de libéralisation de toutes les sphères de la société. Tandis qu’en France, Nicolas Sarkozy, comme il l’a annoncé dans son discours à Versailles, est déterminé à poursuivre son entreprise méthodique de destruction des acquis sociaux. La volonté de remettre en cause la retraite à 60 ans, d’imposer le travail de dimanche, d’ouvrir le capital de la Poste au privée va à l’encontre des aspirations de la majorité de la population. Il est impératif de mettre en échec cette politique.
La multiplication des plans de licenciements dans les entreprises, qui plongent brutalement des milliers de familles dans le chômage, implique la construction d’une mobilisation massive.
Le Parti de Gauche et la Gauche Unitaire sont favorables à la constitution de l’unité la plus large possible de toute la gauche, du Parti Socialiste à Lutte Ouvrière, en soutien aux mobilisations sociales contre la politique de la droite et du patronat.
Mais pour faire face à la véritable contre-révolution conservatrice mise en oeuvre par Sarkozy, il est vital qu’une véritable gauche se reconstruise et se fasse entendre. L’orientation sociale libérale du Parti Socialiste, qui s’oriente de plus en plus vers une stratégie d’alliance avec le centre droit, ne peut offrir de perspective aux salariés. Les propositions d’Europe Ecologie, qui prétend répondre à la crise écologique sans remettre en cause la logique libérale, s’inscrivent également dans une stratégie, d’alliance avec le centre et de dépassement des clivages gauche-droite.
C’est une véritable gauche de gauche qu’il faut reconstruire, dont l’objectif est de contester l’hégémonie du social libéralisme et de construire une majorité à gauche sur une base transformatrice. Une gauche qui soit déterminée à s’opposer sans concession à la politique de la droite et du patronat et qui soit prête à porter son programme dans les institutions. Cela passe par le rassemblement de tous ceux qui veulent réellement s’opposer aux politiques libérales et sociales libérales.
Le Front de Gauche pour changer d’Europe a ouvert le chemin dans cette direction. Le Parti de gauche et la Gauche unitaire sont favorables à la poursuite du Front de gauche, à son élargissement, à son enracinement dans le pays. Il doit s’ouvrir à toutes les forces et militants qui, à gauche, veulent ouvrir une nouvelle voie en rupture avec les politiques libérales : aux socialistes, qui n’acceptent plus la dérive ininterrompue de leur parti et ses ouvertures à droite ; aux courants écologistes et aux militants Verts qui refusent la stratégie « ni droite, ni gauche » d’Europe Ecologie ; aux Alternatifs et aux forces de la gauche alternative ; au Nouveau Parti Anticapitaliste; aux acteurs et actrices du monde syndical et associatif… Le succès de l’initiative à la Mutualité du 3 juillet, le dialogue précieux qui se met en place avec des syndicalistes, des militants écologistes, des défenseurs des droits et des libertés, témoigne des potentialités et de l’attente qui existent aujourd’hui. Le Parti de gauche et la Gauche unitaire sont favorables au développement de ce type d’initiatives qui permet de travailler ensemble, en lien avec le mouvement social et le mouvement syndical, aux contenus d’une véritable alternative. Elles peuvent être organisées dans toute la France.
Le Parti de gauche et la Gauche unitaire convergent sur le fait que le Front de gauche doit à présent s’adresser à tous ceux qui veulent reconstruire une gauche digne de ce nom afin que s’engage un travail d’élaboration sur les contenus, sur les propositions urgentes à porter face à la crise sociale et écologique. Sur la base des trois propositions de loi déposées par les députés du PCF et du PG, comme du contenu des débats des « Trois heures pour une alternative à gauche » pourrait dès la rentrée se développer une grande campagne du Front de gauche, qui nourrirait la tenue dans tout le pays de forums citoyens et réunions-débat largement ouverts à tous les apports. C’est de cette manière que le Front de Gauche pourra s’élargir à tous ceux qui cherchent une véritable alternative à gauche et mener le débat dans toute la gauche pour contester les logiques d’adaptation au libéralisme.
Dans cette logique, pour les élections régionales, le Parti de gauche et la Gauche unitaire souhaitent que s’engage rapidement un travail de réflexion sur la politique que pourraient conduire des régions au service du plus grand nombre. Une politique qui ne se contente pas de prolonger les gestions des six années écoulées et s’oppose résolument aux logiques capitalistes et libérales. Ils sont, dans ce cadre, favorables à la présentation au premier tour de listes autonomes du Front de gauche, constituées avec toutes les organisations qui, ne se retrouvant pas nécessairement au sein de celui-ci, convergeraient sur des propositions politiques identiques. L’ambition est d’être en situation d’appliquer le programme de ces listes dans le nombre le plus important possible de régions. Le plus sûr moyen d’imposer ce rapport de force consistera à placer ces listes en tête des listes de gauche au soir du premier tour.
Quoi qu’il arrive, au second tour, ces listes auront pour préalable de faire gagner la gauche. Pour cela, les deux organisations se prononcent d’ores et déjà pour des fusions avec les autres listes de gauche, dans le respect de l’indépendance politique des unes et des autres, sur la base des résultats respectifs de chacune au premier tour, sans accord avec le Modem ou d’autres forces de droite.
Pour avancer dans ce sens, le Parti de Gauche et la Gauche Unitaire proposent que le Front de Gauche prenne d’initiative de mettre en place un groupe de travail pour élaborer le programme de ces listes de rassemblement. Les premières rencontres entre des composantes du Front de Gauche avec des organisations comme Les Alternatifs, République et Socialisme et le NPA démontre les potentialités que sucite la démarche du Front de Gauche et la possibilité de travailler avec d’autres forces.
En outre le PG a proposé à GU de fonder le Parti de Gauche lors de son congrès programmatique de décembre. Il est proposé pour cela à GU de rentrer au comité de co-organisation de ce congrès.
La Gauche unitaire, qui considère que l’urgence des urgences consiste à développer et étendre la démarche du Front de gauche en faisant de la diversité de ce dernier une force d’attraction essentielle, a enregistré cette proposition et indiqué qu’elle y répondrait par écrit dans les prochaines semaines.