Dans quel pays démocratique est-il possible, à l’initiative d’une justice non-indépendante, d’un procureur nommé par l’exécutif, d’organiser plus d’une dizaine de perquisitions simultanées , dans les locaux de la principale force d’opposition et au domicile même de son leader et d’une dizaine de ses ex collaborateurs, militant.e.s ou salarié.e.s actuel.le.s ? Le tout en mobilisant une centaine de policiers, avec gilets pare-balles et armes à la ceinture, comme s’il s’agissait de dangereux terroristes ou d’un gang du grand banditisme ? Et ce en l’absence d’enquête judiciaire et sur la seule base de deux dénonciations sans l’ombre de faits adossés ?
Dans quel pays démocratique est-il possible ainsi pour le pouvoir exécutif d’avoir la main sur l’intégralité des fichiers de signataires, d’adhérent.e.s, donateur.trice.s, les données mails et agenda, toute la mémoire organisationnelle et sans oublier tout élément de la vie privée d’une dizaine des membres de cette force d’opposition, sans que les premiers concernés n’aient accès au moindre droit de la défense, puisqu’il ne s’agit que d’une enquête préliminaire du Parquet ?
Dans quel pays démocratique est-il possible qu’en moins de 3 jours les PV de perquisitions soient transmis à des journalistes, violant ainsi le secret d’instruction sans que la Ministre de la Justice s’en émeuve ?
Dans quel pays démocratique, une telle déferlante médiatique contre cette force d’opposition est-elle possible sans qu’à aucun moment ne soit toléré le moindre débat sur le fond ?
En Macronie sous la 5e . Et le jour même d’un remaniement ministériel pitoyable, renforçant plus encore la présence des lobbys. Le jour où le monarque décide de s’exprimer face aux français dans la pénombre de son bureau pour redire qu’il ne les entend pas et ne les entendra pas, qu’il poursuivra le même cap de sa politique anti sociale et anti écologique, sa politique de Président des riches et des lobbys.
L’affaire est grave. Elle révèle à quel point Macron affaibli, use de tous les pouvoirs que lui confèrent les institutions de la 5e République. Il y a moins d’un mois, il écartait trois candidatures à la succession de M. Molins pour le poste de Procureur de Paris. Nombre de médias, à juste titre, dénonçait que le Président imposait ses choix. Le décret n’étant pas encore publié, c’est donc celui qui fut un moment pressenti comme potentiel-futur Ministre de l’Intérieur qui a pris la décision de cette opération. Elle fut d’une telle envergure qu’elle nécessitait forcément l’aval du Ministre de l’Intérieur et de la Garde des Sceaux.
Nous sommes bien la cible d’une perquisition politique comme nulle autre force politique ne l’a subie auparavant sur deux pseudo-affaires totalement creuses. Nous ne demandons qu’une chose, d’être traités comme tout le monde ! Les attaché.e.s parlementaires de Jean-Luc Mélenchon, quand il était député européen ? Le parlement n’a jamais rien eu à redire et l’accusation ne repose que sur une dénonciation à la va-vite d’une élue FN qui date de plus d’un an et demi. Les comptes de campagne de la présidentielle ? Ils ont été validés et n’ont été contestés qu’après coup, par le responsable de la commission des comptes de campagne juste après l’encaissement de sa coquette augmentation de salaire par Macron ! 10% de ces comptes de campagne auraient fait l’objet d’une surfacturation ? Ils sont pourtant bien en-deçà des prix du marché et plus encore en-deçà des comptes de campagnes des autres principaux candidats. Répétons-le, notre campagne fut la plus longue et la moins chère ! Que dire pour finir du « deux poids-deux mesures » flagrant, il suffit de se rappeler la perquisition de Benalla : l’intéressé prévenu, elle fut reportée afin qu’il ait le temps de vider son coffre…
Comme nous le défendons dans le programme l’Avenir en Commun , il faut réformer la justice afin de garantir sa réelle indépendance. Il est urgent de réformer le Parquet et la place du Procureur en remplaçant le Conseil supérieur de la magistrature par un Conseil supérieur de la justice désigné pour partie par les magistrats et le Parlement, devant lequel il sera responsable afin de garantir l’indépendance des magistrats à l’égard du pouvoir exécutif, sans pour autant instaurer un gouvernement des juges. Il est nécessaire d’instaurer un conseil déontologique des médias car il n’est pas acceptable que le pouvoir médiatique n’ait pas de contre-pouvoir.
On ne nous fera pas taire et nous ne sommes pas dupes. Nous venons de vivre une mise en perspective directe et concrète des dérives autoritaires de la 5eRépublique oligarchique. Poursuivons sans relâche la bataille des consciences pour une 6e République restaurant la souveraineté par des contre-pouvoirs populaires à tous les niveaux ! Ce gouvernement va boucler sa deuxième loi de finances de cadeaux aux plus riches sans aucune mesure contre l’évasion fiscale malgré le scandale des CumEx files, et sans s’attaquer nullement au réchauffement climatique malgré le rapport du GIEC ?Continuons sur tous les terrains la bataille politique.
Camarades, gardons-nous fier.e.s !
Nous remercions tous les messages de soutiens reçus depuis une semaine, de vous toutes et tous, de nombreuses autres forces politiques, syndicales, associatives, françaises et internationales, et de nombreuses personnalités.