Dans deux semaines, le Brésil entrera dans une phase inconnue de son histoire. Pour la première fois, un Président d’extrême droite, ultra-libéral et contre les droits humains a été élu démocratiquement par la population.
Après l’éviction illégale de l’ex-Président Lula, grand favori des élections, la population brésilienne a préféré remettre les rênes du pays à un ex-militaire promettant la rigueur et la violence pour résoudre la crise du pays, plutôt que de faire confiance au programme démocratique et redistributif de Fernando Haddad, candidat du Parti des Travailleurs (PT). Ce dernier a fait les frais de plus de deux ans de diffamation inacceptable contre le parti resté 14 ans au pouvoir, qui même si entaché par des affaires de corruption, comme l’ensemble des forces politiques de premier plan au Brésil dont celles liées à l’oligarchie n’ont pas ou peu été inquiétées par la justice, a apporté des améliorations économiques et sociales sans précédent.
Le cycle vertueux dans lequel le Brésil s’était installé depuis les années 2000, au sortir de la dictature des années 70 puis de la période des ajustements structurels néolibéraux des années 90, voit sa fin avec la présidence de Jaïr Bolsonaro.
Composé d’un tiers de militaires, le nouveau gouvernement qui prendra officiellement ses fonctions au 1er janvier 2019 a déjà annoncé des mesures tranchées : sortie de l’accord de Paris sur le climat et de la COP, négation du réchauffement climatique, disparition du ministère du travail, censure généralisée de la presse critique, criminalisation de toute forme de militantisme, généralisation du port d’armes, pénalisation accrue de l’avortement, transfert de l’ambassade du Brésil de Tel Aviv à Jérusalem, privatisations, etc..
Cette menace dépasse les frontières du Brésil. Pas seulement parce qu’après les États-Unis et l’Italie, elle atteint encore une fois une des plus grandes puissances économiques du monde, mais parce qu’elle nous montre sa réelle violence et nous enjoint à l’affronter le plus largement possible.
C’est pourquoi le Parti de Gauche n’aura de cesse de dénoncer, aux côtés du PT, les injustices subies par l’ancien Président Lula. Nous avons ainsi accompagné la conférence internationale contre le fascisme et pour la démocratie promue par le PT les 10 et 11 décembre à laquelle nous aurions dû participer si le soulèvement des Gilets jaunes n’exigeait pas la présence de toutes forces politiques en France. Et c’est au nom du même engagement que les députés de la France Insoumise Eric Coquerel et Clémentine Autain ont reçu ce mercredi 12 décembre Guilherme Boulos, leader national du Mouvement des Travailleurs Sans Toits (MTST) et ancien candidat du Parti Socialisme et Liberté (PSOL) aux élections présidentielles et Driade Aguiar, représentante du collectif culturel et médiatique Midia Ninja / Fora do Eixo pour dénoncer à leur côtés la criminalisation des mouvements sociaux et de la liberté d’expression pratiquée par le futur gouvernement.
Depuis la France, aux côtés des autres formations politiques et organisations de la société civile, nous aurons beaucoup à faire pour organiser la solidarité internationale face à l’enlisement autoritaire d’un néolibéralisme qui oppose les nations entre elles et détruit les sociétés de l’intérieur. Face à cette dérive, opposer comme le fait Macron les gentils libéraux progressistes aux méchants protectionnistes est un leurre. Ce sont les deux facettes d’une même médaille. A terme, seule la coopération entre les peuples souverains basée sur le protectionnisme solidaire et l’écosocialisme peut préserver le monde de la montée des fascismes du XXIe siècle et de la violence généralisée.
Nous affirmons ainsi notre solidarité avec tous les militants politiques et sociaux Brésiliens engagés dans la lutte contre le fascisme et la défense des droits universels et notre engagement actif à leurs côtés. #NoPassaran #EleNão #PasLui
Florence Poznanski et Téophile Malo
Crédit photo: Midia NINJA