Retrait des forces étasuniennes de Syrie : la France doit soutenir ses alliés du Rojava contre toute attaque
L’annonce par Donald Trump du retrait des forces étasuniennes de Syrie, une promesse de campagne, n’a surpris que ceux qui, incapables de voir le monde autrement qu’à travers les lunettes atlantistes, croient en une quelconque solidarité entre les États-Unis et leurs « alliés ».
Si elle est effectivement mise en œuvre, cette décision compromettra les capacités des forces françaises présentes sur place depuis 2015 contre notre avis. Elle rappelle l’irresponsabilité de ceux qui ont envoyé en opération extérieure des soldats français largement dépendant d’une armée étrangère.
Cette décision signe également l’abandon de la coalition arabo-kurde des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), nos premiers alliés sur le terrain face à Daesh. Les FDS, composées à majorité des forces kurdes du Rojava, sont affaiblies face à la Turquie qui a annoncé une offensive imminente de son armée, appuyée par des forces djihadistes présentes en Syrie.
Face à cette situation, il est inconséquent d’implorer Donald Trump de revenir sur ce retrait, comme le font Berlin, Londres et Paris. Outre le fait que Trump n’a que faire de ces avis, sur le temps long la présence militaire étasunienne dans la zone est déstabilisatrice. Beaucoup semblent ignorer que Daesh n’aurait jamais vu le jour sans l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.
Pour autant le sort des FDS doit nous importer au plus haut point. Il en va de l’avenir de la région. Le projet politique fédéral, pluraliste, féministe, écologique, non-ethnique et non confessionnel mis en œuvre au Rojava par les forces kurdes et leurs alliés représente un laboratoire pour la paix dans un Proche Orient ravagé par les conflits.
Nous demandons donc à la France de prendre ses responsabilités :
– en rappelant fermement à Erdogan, et à toute puissance qui le soutiendrait dans son entreprise destructrice, que les forces présentes au Rojava n’ont jamais menacé l’intégrité du territoire turc, ni aucune frontière reconnue ;
– en saisissant le Conseil de sécurité de l’ONU pour placer les Kurdes de Syrie sous protection internationale ;
– en œuvrant à doter les forces du Rojava de moyens de défense anti-aériens opérationnels en toute circonstance, y compris en cas d’agression par une puissance membre de l’Otan comme la Turquie.