L’insurrection citoyenne des Gilets Jaunes de cet automne est historique. De la revendication initiale contre la hausse des taxes sur les carburants, le mouvement a très vite porté la bataille contre l’injustice fiscale pour se concentrer sur la revendication du Référendum d’Initiative Citoyenne.
Celles et ceux qui n’ont cessés d’être méprisés par un monarque arrogant, les “riens”, sommés de “traverser la route pour trouver du travail”, les “gaulois réfractaires” ont pu se retrouver, transformer leurs souffrances individuelles à ne pas pouvoir finir les fins de mois et remplir les frigos en colère collective. Les démarches individuelles de pétitions et de vidéo sur les réseaux sociaux se sont vite transformées en occupation de ronds-points, elles-mêmes devenant des assemblées citoyennes d’élaboration progressives de leurs revendications.
Contre le Présidents des riches, faisant les poches du peuple pour gaver les siens en supprimant l’ISF, contre le Président des lobbys de Total, Vinci et Mulliez, c’est le peuple de la “diagonale du vide”, d’abord des zones rurales et périurbaine qui s’est soulevé. Les femmes y ont joué un rôle central, premières victimes des politiques antisociales et inégalitaires. De l’occupation des ronds-points au blocage des péages, des centres commerciaux, ils ont fait succéder les différents actes de manifestations les samedis à Paris et dans toutes la France, sans parcours déposés et avec le gilet jaune en guise de bonnet phrygien.
La prise de conscience de leur propre force, en quelques semaines, a fait émerger une conscience politique aiguë de la nature oligarchique du système et de la nécessité pour le peuple de conquérir un vrai pouvoir en exigeant ces 3 lettres du R.I.C.
Dans le même temps, c’est la jeunesse lycéenne qui s’est mise en mouvement, contre les réformes des lycées professionnels, généraux et technologiques, du bac et de Parcoursup, encouragés par ce contexte de contestation. Bien d’autres luttes ici et là, localisées, se sont elles aussi saisi du gilet jaune comme emblème fédérateur.
Face à cela, les tenants du système auront tout tenté. Du déni et dénigrement, au matraquage médiatique sur les “violences”, à une répression policière d’une violence inouïe. Contraint à céder, avec la macronie, on aura eu droit à tout : les annonces mensongères du président sur une augmentation du SMIC qui n’aura pas lieu et se soldera par des mesurettes sur la prime d’activité déjà prévues, les cafouillages d’un premier ministre et gouvernement dans les choux, suspendant puis restaurant ses mesurettes…
Rien n’y fait, rien n’y fera. Le peuple n’est pas dupe. Le peu que le gouvernement lui cède est pris dans ses poches, par le jeu des exonérations de cotisations sociales et des défiscalisations d’heures supplémentaires. Les riches peuvent sabrer le champagne, l’ISF ne sera pas pour l’instant restauré, le CICE ne sera pas remis en cause et aucun changement de cap n’est prévu pour rompre avec l’aggravation de l’inégale répartition des richesses entre travail et capital. La question centrale de la transition énergétique, censée être à l’origine des taxes sur le carburant, ne bénéficiera d’aucune mesure forte dans le budget adopté. Tant est si bien que plus d’un million de citoyens ont signé la pétition “L’affaire du siècle” en moins de deux jours pour soutenir la plainte contre l’État pour inaction climatique initiée par quatre ONG.
Au moment même où ils devaient caler les annonces censées calmer les gilets jaunes, le gouvernement se retrouve contraint de céder des augmentations aux agents de police et de gendarmerie. Face au refus complet de consentement à l’autorité qui s’exprime dans le pays, les voilà pris de panique devant la colère de leur seul recours au maintien de l’ordre par la force.
Mais la trêve des confiseurs n’aura pas lieu. Ces reculades ne constituent qu’un encouragement aux revendications en faveur du dégel du point d’indice des fonctionnaires, à la hausse des salaires et des minimas sociaux pour l’écrasante majorité. Des occupations de ronds-points vont se poursuivre pendant les fêtes et même après !
Comment peuvent-ils croire un seul instant que la vague dégagiste qui s’est soulevée se canalisera docilement dans la “grande consultation” annoncée, cadenassée dans 4 thèmes étroitement et arbitrairement fixés, et pour laquelle rien n’a été annoncé quant aux décisions qui pourraient en résulter ni sur qui les tranchera ! L’insurrection citoyenne à l’œuvre est un mouvement si profond, ancré localement et soutenu si largement par la population qu’elle n’est pas près de s’éteindre.
Que voteront donc les députés lors de la présentation à l’Assemblée Nationale de la proposition de loi du groupe de la France Insoumise en faveur du référendum d’initiative citoyenne ? Défendu dans le programme l’avenir en commun, nous souhaitons que ce RIC soit non seulement abrogatoire, législatif, révocatoire mais puisse également permettre la convocation de l’assemblée constituante. Loin d’être une revendication parmi d’autres, les gilets jaunes ont bien compris qu’elle incarnait la revendication permettant toutes les autres en changeant les règles du système face à l’oligarchie. Le peuple crie rendez l’argent et rendez-nous le pouvoir !
L’orientation que nous avons défendue depuis si longtemps au sein du Parti de Gauche est en train de s’écrire. La mobilisation des gilets jaunes constitue une insurrection citoyenne pouvant se transformer en révolution citoyenne et nous entendons continuer à œuvrer en ce sens.
La France Insoumise, avec la liste conduite par Manon Aubry, sera au rendez-vous pour donner une traduction politique à ces combats au plan national et construire une alternative dans le cadre de la dynamique « Maintenant le peuple » sur le continent pour les élections européennes de mai 2019.
Que chacune et chacun passe de très bonnes fêtes de fin d’années et que 2019 soit l’année de la révolution citoyenne !