Depuis plusieurs semaines, lycéen.ne.s et étudiant.e.s se mettent en grève pour que chacun.e prenne la mesure de l’urgence climatique et entre en lutte contre le réchauffement en cours. Ces actions citoyennes sont nées spontanément en France comme dans le reste du monde et viennent d’un public jeune, issu de tous milieux, directement concerné par des transformations à venir mais dont il hérite sans en être véritablement responsable.
Face à l’irresponsabilité des gouvernements qui ne respectent pas leurs engagements pris à la COP 21 ou qui n’offrent que des solutions de capitalisme vert, la prise de conscience de la mise en danger pour notre planète augmente de jour en jour et les manifestations se multiplient à l’échelle mondiale.
Rappelons que les 100 plus grandes entreprises sont responsables de 71 % de la production mondiale des gaz à effet de serre et que les taux de CO2 continuent toujours à augmenter. L’impunité pour les multinationales qui ne cherchent qu’à bonifier le bénéfice pour les actionnaires tout en continuant à détruire notre planète est devenu inacceptable et les actions citoyennes n’en sont que plus fortes.
De la même manière, l’inégalité sociale face au dérèglement climatique est un domaine plus prégnant encore que tout autre. En France, les 1 % les plus riches ont une empreinte carbone 40 fois supérieure aux 10 % les plus pauvres.
Ce sont pourtant les moins bien lotis qui doivent vivre au milieu des particules fines (habitations en périphéries urbaines), dans des logements mal isolés, se contenter d’une alimentation à bas coût et de mauvaise qualité, sans parler des agriculteurs, dont certains ne dégagent pas de revenus suffisants pour vivre et, faute de moyens et d’aides dignes de ce nom, ne peuvent envisager une reconversion dans le bio. Qu’ils le veuillent ou non, ils se trouvent obligés de poursuivre un mode de production dangereux pour la nature et en sont pourtant les premières victimes. Quant à ceux et celles qui ont fait le choix de la conversion en agriculture bio, ils-elles attendent toujours les subventions qui tardent à venir et qui les mettent en situation de grande fragilité professionnelle.
Les marches citoyennes et grèves lycéennes qui se multiplient sont éminemment politiques. À ce titre, elles rejoignent pleinement notre appel à une écologie populaire, développée par le Parti de Gauche dans son manifeste pour l’écosocialisme. Elles montrent aussi une exigence de plus en plus partagée de voir celles et ceux qui nous dirigent mener enfin des politiques où la question climatique soit le cœur, la priorité devant toute autre considération, au lieu d’un discours creux, mâtiné de bons sentiments, tels que ceux auxquels E. Macron et ses ministres successifs, pour ne citer qu’eux, nous ont habitués depuis deux ans. En effet, une telle revendication trouve en réalité des réponses politiques claires et sans ambiguïté qui, si elles étaient mises en place, ne permettraient plus aucun faux-fuyant.
Depuis plusieurs années maintenant, la France insoumise veut faire entrer dans la Constitution la règle verte afin de garantir la protection de la planète, le renouvellement de ses ressources et la limitation de leur prélèvement. Plus largement, ce sont tous les modes de production et de consommation qui doivent être revus et, fondamentalement, l’économie capitaliste qui doit être remise en cause. Mais il ne s’agit en aucune manière de tout réinventer. Bien au contraire, tout existe déjà et les mesures à mettre en place tiennent du bon sens : relocalisation et valorisation des petits producteurs, protectionnisme social et solidaire, respectueuse de l’environnement, (re)développement des services publics des transports en commun et coup d’accélérateur sur celui des énergies renouvelables pour lequel la France est dramatiquement en retard.
Pourtant, aussi urgentes soient-elles, on réalise que ces mesures politiques de salubrité publique (et au-delà), connaissent des freins, et non des moindres. Ces freins, ce sont tout d’abord les traités européens qui imposent l’austérité à ses pays membres et perpétuent une économie néo-libérale, en multipliant les accords de libre-échange (CETA, TAFTA, JEFTA). Les entreprises locales se trouvent alors menacées et soumises à des normes sanitaires irresponsables qui permettent l’usage de produits phytosanitaires d’une grande toxicité. En développant le principe de la concurrence de tous contre tous, en favorisant toujours plus la pollution des ressources naturelles et l’accaparement des terres pour l’agro business ou les multinationales, à travers des grands projets inutiles et imposés style Gonesse ou Roybon, c’est la politique du pire qui est maintenue contre la volonté citoyenne.
Une solution pour accélérer la transition écologique, au-delà même de la nation, serait alors de faire de la règle verte l’alfa et l’oméga de toute politique. Concrètement, que la règle d’or passe au second plan.
Par conséquent, s’il est essentiel que les militant.e.s que nous sommes soient avec les lycéen.ne.s le vendredi 15 mars, puis participent le lendemain à la marche du siècle pour faire nombre dans ces moments importants où tout peut basculer, nous devons aussi garder à l’esprit la nécessité à la fois de pointer les responsabilités et de proposer des solutions. Seuls, nous ne pouvons certes pas tout changer d’un coup, mais la période, plus propice que jamais à l’échange d’idées et à l’invention de modes nouveaux de revendications, est proprement exaltante. Alors… Tou.te.s ensemble les 15 et 16 mars prochains ! Fin de mois, fin du monde, mêmes responsables, même combat !
Maud Assila et Catherine Legal