Cher-e-s ami-e-s congressistes,
Votre résolution sur le renouveau de la démocratie aborde nombre de droits sociaux et démocratiques auxquels le Parti de Gauche est également très attaché. Au-delà, vous faites, tout comme nous, le constat de la nécessité de changer en profondeur notre système politique. Le PG propose pour cela, avec l’ensemble du Front de Gauche, un objectif et une méthode. L’objectif, c’est la 6ème République. La méthode, c’est l’élection d’une assemblée constituante. L’implication populaire est la condition tout à la fois de la mise en œuvre, mais aussi de la réussite dans la durée de notre projet. C’est ainsi que nous concevons la révolution citoyenne : le grand nombre doit investir les lieux où se décide son destin. Partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs sont donc pour nous indissociables. L’affaire Cahuzac ne se limite à l’évidence pas à la dérive d’un homme, mais représente un condensé presque parfait chimiquement de toutes les tares de la 5ème République : collusion d’intérêts, opacité, entre-soi de l’oligarchie qui n’a qu’un seul mot d’ordre cher à Margaret Thatcher: TINA (« There is no alternative »). Une lutte efficace contre la corruption et les paradis fiscaux ne peut être menée efficacement dans un tel système.
Le nouveau report annoncé par le président de la République du droit de vote pour les résident-e-s extra-communautaires à l’après-municipales 2014, qui s’analyse pour nous comme un enterrement de cette promesse démocratique, est un exemple caricatural du blocage du système politique de la 5ème République. Un gouvernement se réclamant de la Gauche, fort d’une victoire électorale, détenant tous les principaux leviers du pouvoir institutionnel, capitule sans même tenter de mener la bataille idéologique, se contentant de faire des hypothèses sur l’arithmétique parlementaire. La monarchie quinquennale a encore frappé : tout s’est décidé à l’Élysée, au mépris de l’engagement pris par le candidat Hollande.
La poursuite par le gouvernement via le ministre de l’intérieur Manuel Valls, de la chasse aux Roms et aux personnes sans papiers (travailleur-euse-s, jeunes majeurs et familles) défigure la République aujourd’hui comme hier. Le même Manuel Valls renonce à mettre fin concrètement aux contrôles au faciès de la police, en rejetant l’idée d’instaurer le reçu co-signé, daté, localisé et motivé lors des contrôles d’identité et de modifier la loi pour limiter le champ d’application de ces mêmes contrôles.
Les déclarations du président de la République repoussant l’idée d’une loi d’amnistie sociale, mais concédant que des « situations exceptionnelles » devront être examinées au cas par cas, relèvent de cette même logique héritée de l’ancien régime : le fait du Prince.
Ces renoncements sont étroitement liés à la soumission et à l’adhésion du président et de son gouvernement aux politiques libérales austéritaires dictées par la troïka (FMI, Union Européenne et BCE). Après l’attaque contre le code du travail via la loi « made in Medef » de l’ANI, se préparent de nouvelles attaques contre les retraites, contre l’égalité républicaine et les services publics via l’acte III de la décentralisation.
Le mouvement associatif est bien souvent aux premières lignes de résistance contre ces politiques libérales et sécuritaires. Il subit également directement l’asphyxie budgétaire des baisses des dépenses publiques qui mettent à mal les libertés associatives.
Nombre de vos préoccupations sont également les nôtres. L’urgence est bien celle d’une profonde refondation républicaine et sociale, aujourd’hui partagée bien au-delà du Front de Gauche, par nombre d’organisations de la société civile, de responsables politiques ou syndicaux.
Le Parti de Gauche vous souhaite d’excellents et fructueux travaux inscrits dans ces combats.