Nous dénonçons la forfaiture civique et linguistique que constitue la décision de mettre en service, à partir de début août 2021, une nouvelle carte d’identité français/anglais, affublée d’un drapeau européen et d’une puce. Dans un règlement (2019/1157) applicable au 2 août 2021, l’Union européenne fait en effet obligation aux États membres de mettre en circulation « des cartes d’identité intégrant un composant électronique hautement sécurisé contenant des données biométriques, à savoir une image numérisée du visage du titulaire de la carte et celle de deux empreintes digitales dans des formats numériques interopérables. » Autrement dit, cette carte doit être capable de communiquer avec d’autres systèmes.
Nous assistons à la disparition progressive du français en tant que langue de la République (article II de la Constitution) et que seule “langue de l’administration” (loi Toubon de 1994, votée à l’unanimité des groupes parlementaires d’alors, du RPR au PCF). Il s’agit même d’une remise en cause de fait de l’ensemble du droit linguistique administratif et juridique français tel qu’il a été établi puis systématiquement confirmé comme sous la Révolution française (notamment par Robespierre). Un droit qui date de l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) édictée par François Ier à une époque où le pouvoir construisait cet Etat-nation français que la bourgeoisie déconstruit aujourd’hui sur tous les plans : linguistique et culturel, mais aussi institutionnel, industriel, agricole, éducatif, administratif, sanitaire, etc.
La présidente de la Commission européenne Frau Ursula von der Leyen ne fait pas mystère en effet de sa volonté de faire de l’anglais la “langue commune” officielle unique de l’Europe et de ses institutions. Le but stratégique est d’accompagner linguistiquement la mise en place d’un Etat fédéral européen soumis aux Etats-Unis, arrimé à l’OTAN et aux traités néolibéraux “transatlantiques” comme le CETA et le TAFTA.
Rappelons qu’en 2005 le peuple français a enterré la constitution européenne qui faisait mention du drapeau et de l’hymne européens, symboles rétablis par le honteux et antidémocratique Traité de Lisbonne et que Macron a officialisés de façon ostentatoire en 2017, lors de son arrivée à l’Elysée.
Mais il ne suffit pas aux oligarques néo-libéraux de faire disparaître le français dans la communication interne des grandes entreprises, à l’Université et dans la Recherche, dans la publicité et la dénomination des enseignes et de faire de l’anglais “la langue des affaires et de l’entreprise”. En fait, l’imposition du globish accompagne et accélère linguistiquement la casse des Etats nationaux historiquement constitués d’Europe. Le but est d’installer un marché du travail euro-atlantique totalement dé-segmenté sur le plan linguistique, qui permettrait d’accroître comme jamais le moins-disant social et salarial en aggravant toujours plus la concurrence entre salariés et en éliminant du marché euro-mondialisé quantité de petits et de moyens entrepreneurs incapables de parler le globish.
Le Parti de Gauche combat le globish en tant que facteur de pensée unique néolibérale et managériale, de politique unique euro-atlantique et d’économie unique “ouverte sur le monde et où la concurrence est libre et non faussée”, car tout ce dispositif politico-culturel vise tout bonnement à imposer le capitalisme comme seul système mondial en proscrivant à tout jamais le droit des peuples à décider de leur sort et à construire l’éco-socialisme s’ils en décident ainsi.
Le Parti de Gauche dénonce cette insulte aux 900 millions de personnes capables d’entendre et d’utiliser peu ou prou notre langue commune de par le monde et même cette insulte à nos intérêts commerciaux bien compris.