L’Observatoire de la laïcité, créé en 2007 mais installé en 2013, était interministériel et rassemblait des experts et des parlementaires. Cette instance indépendante refusait toute instrumentalisation de la laïcité qui ne servirait qu’à alimenter division et discrimination, notamment à l’encontre des musulmans.
L’Observatoire va être remplacé le 12 juillet par un comité interministériel de la laïcité. Ceci est une très mauvaise nouvelle pour tous les partisans d’une laïcité protectrice et tolérante.
En effet, le nouveau comité sera placé sous la présidence du Premier ministre et réunira les ministères concernés (Intérieur, Éducation nationale, Fonction publique). Aucun délégué interministériel ne sera nommé. L’Observatoire présentait un rapport annuel. L’Observatoire pouvait également être saisi par le gouvernement ou s’autosaisir sur des projets de loi. Qu’en sera-t-il demain ?
Cette nouvelle structure, entièrement à la main du gouvernement, devient un outil répressif, de contrôle et d’interdiction. Avec la volonté d’élargir, sous prétexte de laïcité, le domaine d’application de la neutralité du seul État à la société en son entier. Ce qui reviendrait à faire des croyances et des convictions une affaire intime, condamnées à disparaître de l’espace démocratique. Nous assistons à une reprise en main étatique de la question de la laïcité avec l’idée qu’il faut éviter une pluralité de voix à l’intérieur de l’espace public.
La séparation entre les religions et l’État est le fer de lance de la laïcité, mais elle doit faire l’objet d’une application inclusive et souple. Ce raidissement de Macron qui pendant sa campagne de 2017 mettait en garde contre une ‘laïcité revancharde’, est contre-productif et même nocif pour la République.