(S)’ EN SORTIR ? : de Karlsruhe au Frexit en passant par le Brexit et le Polexit ?
L’objectif de relance industrielle de la France est tout-à-fait vital pour la classe ouvrière de France (qu’elle soit française ou immigrée), pour les ingénieurs productifs de notre pays, pour la balance commerciale de notre pays, pour le financement de ses services publics, pour la sauvegarde de la protection sociale et pour le désendettement de l’Etat.
Par ailleurs, nous savons qu’aujourd’hui, 80% de la législation produite par les députés godillots de la majorité, n’est en réalité qu’une traduction en français des « lois européennes » édictées par la Commission européenne. Une Commission sous influence germanique et américaine ainsi que des lobbys au service du capital.
Si nous voulons atteindre notre objectif de relance industrielle de la France, nous devrons abroger l’arrêt des neuf « Sages » du Conseil constitutionnel qui, dans le dos du peuple français non consulté, ont déclaré les directives européennes supérieures juridiquement à la constitution et aux lois françaises elles-mêmes. En conséquence, ledit Conseil qui, sous la présidence de Fabius, valide toutes les lois antisociales pondues par les députés LR, « socialistes » ou macronistes – s’est auto-dispensé de contrôler à l’avenir la constitutionnalité des lois « françaises » qui ne sont que des traductions en français des lois européennes.
Le peuple français qui a cru voter contre la constitution européenne en 2005 (mais qui a eu droit en réalité au Traité de Lisbonne qui n’en est que le résumé et qu’ont voté les parlementaires félons du PS et de la droite en 2007), n’a plus, de fait, de véritable constitution. Il est donc proprement « dé-constitué/destitué » : c’est une des sources profondes de ce sentiment, partagé désormais par 74% des Français que la France « décline », voire « se délite » et qu’il est inutile d’aller voter.
Pendant ce temps, le Parlement britannique s’ouvrait la possibilité du Brexit en proclamant la suprématie des lois britanniques sur les directives européennes. Quant à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, elle a fait de même en Allemagne de manière à ouvrir à l’impérialisme allemand toutes les options possibles (rester dans l’UE tant qu’elle est favorable aux monopoles d’outre-Rhin, ainsi que le dispositif de domination monétaire de l’ « euro-mark », mais aussi pouvoir en sortir au besoin si les « lois » européennes lui devenaient moins favorables. Les traités européens sont devenus, non seulement en fait mais en droit, ce que l’on appelait jadis des « traités inégaux » puisqu’ils n’obligent pas à égalité les parties contractantes. Le gouvernement réactionnaire et nationaliste polonais veut quant à lui et pour des raisons différentes de l’Allemagne et de la Grande Bretagne, que ses lois liberticides, antiféministes et anti LGBT soient supérieures à celles de l’UE. Deux poids deux mesures : si vous êtes un pays industriel riche comme l’Allemagne affichant son brevet de démocratie vous pouvez manœuvrer à votre guise ; si vous êtes un pays en retard de développement et affichant son archaïsme patriarcal, vous êtes l’objet de toutes les récriminations hypocrites de Bruxelles. S’il fallait démontrer que l’UE n’est qu’un objet économique au service du capital c’est fait.
La formule-choc de 2017 « l’UE, on la change ou on la quitte » posait comme un « plan B » la question du Frexit de gauche. Il nous faut réaffirmer la nécessité d’instaurer un rapport de forces avec l’UE, et être clair sur les conséquences que cela entrainerait. Car le mur de l’argent se lèvera devant le peuple et il faudra être prêt à nationaliser les biens communs, à rétablir le contrôle étatique des changes, à frapper durement l’expatriation fiscale, à rétablir une monnaie nationale, tout en cherchant des appuis diplomatico-commerciaux hors de l’UE (ce qui veut dire rétablir de bonnes relations avec la Chine et la Russie et retirer la France des processus de remilitarisation intense déjà lancés par les USA qui mènent à ce que le chef d’état-major des armées nommé par Macron, Thierry Burckhardt, appelle un « conflit de haute intensité » – avec la Chine et la Russie.
Il faut réaffirmer que nous sommes prêts à sortir des traités européens et de leur concurrence soi-disant libre et non faussée qui donne un quasi droit de veto à la Commission européenne sur la conduite de notre économie. Il y va de la crédibilité de notre discours et de notre action politique.