PARCOURSUP est un outil de sélection absurde basé sur 15000 algorithmes locaux élaborés au sein des universités de manière opaque. C’est une machine à accentuer le tri social des élèves et à les orienter suivant des capacités d’accueil contraintes par l’austérité budgétaire. Le ministère garde le plus grand secret sur les statistiques de PARCOURSUP par types d’établissements (LP, terminales technologiques, lycées anciennement classés en éducation prioritaire). Pourtant, les remontées de terrain démontrent que les élèves issu·es des classes populaires sont les premières victimes du nouveau système.
Sa mise en œuvre nécessite une augmentation du temps de travail des enseignants consacré à évaluer au détriment du temps pédagogique (2,6 millions d’heures de travail, soit l’équivalent de 2000 postes d’enseignants qui se consacreraient à cette tâche à temps plein durant une année). PARCOURSUP est une usine à gaz et un gaspillage d’argent public ; tout ceci étant destiné à masquer une politique délibérée de désinvestissement de l’État. Depuis 1960 le nombre d’étudiants a été multiplié par neuf avec une forte poussée sur les deux dernières décennies, mais depuis 2017 le budget de l’enseignement supérieur stagne une fois prise en compte l’inflation et diminue si on le ramène au nombre d’étudiant(e)s. Les recrutements d’enseignant(e)s chercheurs sont en chute libre. PARCOURSUP vise à masquer cette disette budgétaire en renforçant la politique de sélection et en favorisant la fuite des plus aisés vers l’enseignement supérieur privé.
La loi Vidal et la mise en place de PARCOURSUP constituent une attaque sans précédent contre la démocratisation de l’enseignement supérieur mais aussi contre la massification du lycée et l’élévation continue des qualifications. Ces réformes ont mis fin au caractère national du baccalauréat qui n’est plus le premier grade universitaire permettant l’inscription dans la licence de son choix et confortent le rôle de tri social de l’École au détriment des classes populaires. C’est l’aboutissement de la vision la plus libérale de l’École, celle de la concurrence généralisée:
– entre élèves avec la sélection bien sûr, mais aussi lors des réponses de PARCOURSUP, la fin des mises en attente des vœux de certain·es dépendant de l’acceptation des propositions « oui » des autres
– entre lycées, dont on voit que la réputation influera sur les poursuites d’études, y compris en licence
– des universités, les plus demandées ayant la faculté de choisir leurs élèves (et bientôt leurs frais d’inscription) au détriment des autres qui prendront celles et ceux laissées sur le bord du chemin.
Le Parti de Gauche demande la mise au rebut de ce legs Blanquer qui constitue un triple scandale : humain, financier, classiste.
Pierre Boutry et Julien Foucou