La Bretagne victime d’un productivisme en bout de course
Les mobilisations sociales qui se développent en Bretagne sont révélatrices de la crise touchant notre pays et plus particulièrement de la dégradation considérable de la situation économique et sociale dans la région : 6000 emplois salariés en moins rien que pour l’année 2012 et 19 000 dans le secteur marchand depuis 2008. Voilà le résultat de la crise du capitalisme néolibéral, aggravée par les politiques d’austérité du gouvernement, et d’un modèle économique productiviste refusant de prendre en compte les impératifs écologiques.
L’agriculture et les industries agroalimentaires bretonnes, notamment la filière porcine et avicole, se sont, en général, développées sur la base de production de masse de produits peu valorisés destinés en partie à l’exportation. Cette production est aujourd’hui fortement concurrencée par les pays émergents ou par des pays de l’Union européenne qui, comme l’Allemagne ou le Danemark, pratiquent un dumping social éhonté en employant massivement des salariés d’Europe centrale et orientale sous-payés en utilisant les failles de la directive européenne sur le détachement des travailleurs.
Dans ce cadre, l’écotaxe votée sous la droite et mise en œuvre par le gouvernement Ayrault est un prétexte que saisissent le Medef, les tenants de l’agro-business et les patrons de la grande distribution pour détourner l’attention des véritables responsabilités de cette crise. Mais au-delà, si cette fronde rencontre l’adhésion de nombre de catégories sociales excédées de voir leur pouvoir d’achat diminué et les services publics décimés, c’est que cette taxe symbolise l’injustice fiscale actuelle : censée vouloir réduire le trafic routier, elle ne s’appliquera pas sur les autoroutes à péage, là où passe l’essentiel du trafic de camions. Seules seront touchées les routes nationales et les routes départementales. Ainsi seront pénalisées les producteurs locaux, alors que gros du trafic européen qui utilise les autoroutes ne sera pas touché. Cette taxe n’a donc d’écologiste que le nom ! Mais les véritables enjeux sont ailleurs.
L’écotaxe n’est qu’un prétexte et n’est en rien la cause des suppressions d’emplois et de la casse sociale. Pour le Front de gauche, le modèle de l’agroalimentaire productiviste n’est pas soutenable économiquement, socialement et écologiquement. Nous devons rompre avec ce modèle mortifère. Nos revendications ne sont pas celles du patronat, du MEDEF et de la FNSEA. Avec les travailleurs, nous devons nous opposer à l’austérité imposée par le gouvernement et l’Europe libérale, aux cadeaux faits au Medef et aux nouvelles coupes dans les dépenses publiques. Aussi, il se prépare une bataille d’importance contre le budget d’austérité que nous appelons à refuser.
Pour nous, ce changement de modèle passe par la planification écologique. C’est le rôle des pouvoirs publics, Etat et collectivités locales, d’aider à cette transition :
- Il faut mettre en œuvre un plan de reconversion de l’industrie agroalimentaire bretonne basé sur un élevage et une une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des hommes, pour des produits de meilleure qualité, la relocalisation de la transformation, la fin de la concentration des outils de travail et une juste rémunération du travail salarié et paysan.
- Nous demandons également d’investir massivement dans le ferroutage, la relocalisation de l’activité et la conversion vers des modèles de production durables écologiquement.
- De mettre en œuvre une politique fiscale fortement redistributrice et qui s’attaque aux véritables défis écologiques : suppression des niches fiscales anti-écologiques, taxes aux frontières contre les délocalisations, sur les transports de marchandises longue distance etc.
- Une politique de l’emploi réduisant et partageant le travail ainsi que la création de véritables filières industrielles dans les secteurs économiques nécessaires à la transition écologique : transports alternatifs, énergies renouvelables, agriculture écologique, économies d’énergie…