Le gouvernement ouvre la voie aux sociétés militaires privées
Le premier ministre vient d’annoncer le dépôt d’un projet de loi autorisant les armateurs français à contracter avec des sociétés militaires privées pour la protection des navires de commerce. Alors que Sarkozy n’avait pas osé le faire, ce gouvernement cède au chantage des armateurs, qui menacent de passer sous pavillon étranger, et des sociétés militaires privées (SMP), qui se plaignent de voir leur développement entravé.
Une telle loi marquerait la fin du monopole de l’État sur l’usage des armes de guerre. Ce serait là une atteinte à un dogme républicain aux conséquences incommensurables. J-M Ayrault essaie de nous endormir en promettant que des « agréments professionnels seront délivrés pour attester du professionnalisme des entreprises », et éviter les pratiques scandaleuses des sociétés militaires privées telles Blackwater, célèbre pour ses exactions en Irak. Mais ne nous y trompons pas, cette loi ne serait qu’une étape suivie tôt ou tard de l’autorisation pour l’armée elle-même d’avoir recours à des SMP.
Au nom de la défense du pacte républicain, le parti de gauche dénonce cette dangereuse régression prévue pour des raisons purement budgétaires. Il demande au gouvernement de laisser à la Marine Nationale le monopole sur la défense des personnes. Cela suppose de lui permettre d’effectuer ses missions, notamment en augmentant les effectifs des équipes de protection embarquées qu’elle met à la disposition des navires entrant dans des zones dangereuses.
La France a plus que les moyens de répondre à ces défis. Il faut simplement en finir avec une politique d’austérité qui détruit l’Armée française comme les autres services publics, donc avec un dispositif fiscal favorisant toujours plus les capitalistes, comme pour les armateurs qui bénéficient de 60 000 000 d’euros d’exonérations annuelles.
Pour lutter à plus long terme contre les actes de piraterie le Parti de Gauche réitère les propositions faites par Jean-Luc Mélenchon, alors candidat à l’élection présidentielle, parmi lesquelles le renforcement du programme français de formation de gardes côtes des pays connaissant des cas réguliers de criminalité maritime ; l’harmonisation par le haut des règles encadrant les différents pavillons et la pression pour la normalisation des pavillons de complaisance européens en vue d’interdire le recours aux sociétés militaires privées ; l’octroi par l’Europe d’un budget dédié à la formation d’une unité européenne de garde-côtes susceptible de lutter contre la piraterie, au lieu de financer le dispositif Frontex qui ne sert qu’à réprimer les désespérés qui s’aventurent à ses frontières.
Les moyens existent pour refuser cette dérive antirépublicaine présentée comme inéluctable. Ceci suppose d’avoir une vision à long terme, et le courage de résister au chantage des groupes d’intérêts les plus puissants. Tout ce qui manque à ce gouvernement.