Printemps Méditerranéen : avancées en Tunisie, reculs en Egypte
Trois années après le déclenchement du « Printemps Méditerranéen », vaste soulèvement inachevé des peuples méditerranéens contre des dictatures corrompues asservies au néolibéralisme, la situation est contrastée, comme le montrent les actualités de Tunisie et d’Egypte.
En Egypte, un référendum-plébiscite se tient aujourd’hui pour approuver la nouvelle constitution rédigée par les militaires. L’enjeu crucial sera le taux de participation, permettant de mesurer la popularité du général Al-Sissi, qui envisage de devenir le prochain président égyptien. Mais des fraudes massives sont à prévoir, étant donnée la régression démocratique que subit l’Egypte depuis la prise du pouvoir du général Al-Sissi le 30 Juin dernier. Initialement perçue par le peuple égyptien comme un moyen d’échapper au bilan catastrophique du pouvoir mal-élu des frères musulmans, cette reprise du pouvoir a rapidement tourné au bain de sang. Même si une partie de la population peut avoir des raisons compréhensibles de préférer l’ordre sécuritaire au retour des frères musulmans, on assiste aujourd’hui au retour des anciens du régime Moubarak, qui ont conclu une alliance avec les libéraux et les salafistes pour empêcher toute réalisation sociale. Alliance qui se retourne d’ailleurs contre les libéraux, dont certains militants de premier plan figurent désormais sur la liste des arrestations régulières d’opposants réduits au statut d’ »ennemis de l’intérieur ». Tout ceci avec l’appui, ou le silence, des gardiens de l’ordre néolibéral-conservateur, États-Unis, Union Européenne et Arabie Saoudite en tête, pour lesquels seul compte le maintien du statut quo sur les plans géopolitiques (respect des Accord de Camp signés en 1979 entre l’Egypte et Israël) et économique.
En revanche en Tunisie, l’anniversaire des trois ans de la fuite de Ben Ali est accompagné de plusieurs bonnes nouvelles. Ainsi, le gouvernement de coalition entre les islamistes d’Ennahdha, le Congrès Pour la République du président Marzouki et les sociaux-libéraux d’Ettakatol, soutenus par le Parti Socialiste et le gouvernement en France, a été contraint de présenter sa démission, plus d’un an après l’expiration du mandat de l’assemblée constituante qui l’avait nommé. Ce résultat est le fruit des pressions politique et pacifiques de l’opposition, rassemblée dans un Front du Salut National après l’assassinat du député du Front populaire Mohamed Brahmi. De plus, cette même assemblée constituante est parvenue à des avancées très significatives, que ce soit en matière d’égalité hommes-femmes, de liberté de conscience ou de droits sociaux. Ces avancées ont été obtenues grâce aux mobilisations sans faille du mouvement social tunisien, dans lequel nos camarades du Front Populaire jouent un rôle prépondérant. Ce mouvement social n’a jamais failli et a toujours dénoncé le recours à la violence, malgré l’assassinat odieux de deux de ses figures, nos camarades Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Le Parti de Gauche réaffirme son soutien aux peuples tunisien et égyptien, et appelle ses militants à manifester leur solidarité pour l’anniversaire de la révolution tunisienne aujourd’hui 14 Janvier, à 18h30 devant l’ambassade tunisienne.