Le vote par le Congrès de la République péruvien de la loi n°30151 visant à exonérer de responsabilité et d’enquête les forces armées et de police en cas de morts ou de blessés dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre constitue un recul démocratique. L’objet de cette loi, présentée par des congressistes Fujimoristes (partisans de Fuji Mori, president du Perou de 1990 a 2000, désormais en prison) et votée par la majorité présidentielle, est de combattre la délinquance et l’insécurité, mais surtout de faire taire les différents mouvements sociaux. Elle s’inscrit dans une logique au long cours de criminalisation des mouvements sociaux, en particulier de la protestation contre différents projets miniers. Une situation qui a conduit a la mort en juillet 2012 de 5 opposants au projet minier Conga à Cajamarca, (mine d’or situe dans le nord du pays.)
Le vote de cette loi est un signal alarmant. Le combat contre l’insécurité est légitime mais la militarisation des forces de sécurité et des moyens du maintient de l’ordre ne sont pas de ce ressort. L’attitude qui consiste à faire passer les mouvements sociaux pour des mouvements terroristes est particulièrement préoccupante comme le montre l’histoire récente du pays qui va commémorer en juin prochain les 5 ans de la tuerie de Bagua (50 morts suite à la militarisation d’un conflit pétrolier par le gouvernement de Allan Garcia).
Pourtant, le président de la République Ollanta Humala a été élu en 2011 sur un projet politique d’inclusion sociale. L’évolution de la situation à Cajamarca doit être suivie, et il est déjà regrettable que tribunal de Chiclayo ait décidé de ne pas poursuivre l’enquête sur les évènements de 2012. Justice doit être rendue aux 5 victimes et les responsables doivent être poursuivis.
Arthur Romanes (Commission Amérique Latine)